• Embrassé:

    Scène bonus entre Alec  et MagnsDebout devant la cage d’escalier de la maison de Magnus, Alec fixait le nom écrit sur le mur, sous la sonnette. BANE. Ce nom n'allait pas vraiment à Magnus, pensa-t-il, pas à présent qu'il le connaissait. Si on peut dire connaître d'une personne chez qui on est venu à une fête, une fois, et qui ensuite vous a sauvé la vie mais ne s'est pas attardé pour être remercié. Mais le nom de Magnus Bane, lui fit penser à quelqu'un de prestigieux, avec de larges épaules et une robe traditionnelle de sorcier, qui tombait flamboyante et lumineuse. Mais ça ne collait pas à Magnus lui-même, il ressemblait plus au croisement d'une panthère et d'un elfe dément.

    Alec prit une profonde respiration et se lança. Il n'était pas venu aussi loin, pour reculer maintenant. L'ampoule nue bougeant au-dessus de sa tête, projetait des ombres discrètes lorsqu'il atteint la sonnette et la pressa.
    Un instant plus tard une voix raisonna dans la cage d'escalier. "Qui appelle le grand Sorcier ?"
    "Euh," dit Alec. "C'est moi. Je veux dire, Alec. Alec Lightwood."
    Il y eut un étrange silence, comme si le vestibule lui-même était surpris. Puis un ping, et une deuxième porte s'ouvrit, lui révélant le palier. Il grimpa les vieilles marches dans la pénombre. Il y avait comme une odeur de Pizza et de Poussière. Le second escalier était éclairé, la porte au bout était ouverte et Magnus Bane était appuyé dans l'entrée.

    En comparaison de la première fois où il l'avait vu, il avait l'air presque normal. Ces cheveux noirs toujours dressés en pointes, il paraissait endormi ; et son visage était jeune malgré ses yeux de chat. Il portait un t-shirt noir avec les mots 'Un million de Dollars' écrits en travers de sa poitrine avec des sequins, et un jean qui tombait bas sur ses hanches, si bas qu'Alec regarda ailleurs. Il baissa les yeux vers ses propres chaussures... Qui était d'un ennui.
    "Alexander Lightwood, "dit Magnus. Il avait juste quelques traces d'un accent, Alec n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, le son harmonieux de ses voyelles peut-être. "Que me vaut ce plaisir ?"

    Alec regarda derrière Magnus."Avez-vous... de la compagnie ?"
    Magnus croisa ses bras, ce qui mit en valeur ses biceps, et il s'appuya contre le montant de la porte. "Pourquoi voudrais-tu le savoir ?""J'espérais pouvoir entrer et discuter avec vous."
    "Hum." Les yeux de Magnus le considérèrent de haut en bas. Ils brillaient vraiment dans la nuit comme ceux d'un chat. "Bon, très bien alors." Il se tourna brusquement et disparut dans l'appartement. Alec le suivit.
    Le loft avait l'air différent sans tous ces corps en mouvement à l'intérieur. Il n'était pas... Ordinaire, mais représentait un espace dans lequel quelqu'un pouvait vivre. Comme beaucoup de lofts, il y avait une grande pièce centrale séparée en "pièces" par des fournitures assemblées. Il y avait une collection de sofa disposée en carré et des tables sur leur droite, vers lesquels Magnus appelait Alec d'un geste.
    Alec pris place dans un canapé en velours doré avec d'élégantes fioritures sur les accoudoirs.
    "Voudrais-tu du thé ?"demanda Magnus, ses longues jambes tendues devant lui.

    Alec hocha la tête. Il se sentait incapable de dire quoi que ce soit. Rien qui fût intéressant ou intelligent. L’apanage des bons mots revenait à Jace. Lui était le parabatai de Jace et c'était la seule gloire qu'il voulait et dont il avait besoin : C'était comme être l'étoile noire de la supernova de quelqu'un d'autre. Mais pour l'heure, c'était un endroit où Jace ne pouvait pas aller avec lui, une chose pour laquelle Jace ne serait d'aucune utilité. "Avec plaisir".
    Soudain, il sentit de la chaleur dans sa main droite. Il la regarda, et réalisa qu'il était en train de porter un gobelet de chez Joe, 'l'art du café". Ça sentait le Chai. Il sursauta et manqua de peu de tout renverser sur lui "Par l'ange !"
    "J'ADORE cette expression, "dit Magnus. "C’est si singulier."
    Alec le fixa. "Avez-vous volé ce thé ?"
    Magnus ignora la question "Alors..." dit-il. "Pourquoi es-tu là ?"
    Alec but une gorgée du thé volé. "Je voulais vous remercier, "dit-il, en soulevant le nez pour respirer."De m'avoir sauvé la vie."

    Magnus s'appuya en arrière sur ses mains, presque allongé. Son T-shirt se souleva révélant une partie de son abdomen plat ; à ce moment, Alec n'avait nulle part ailleurs où regarder. "Tu voulais me remercier ?"
    "Vous m’avez sauvé la vie," répéta Alec. "Mais je délirais et je ne suis pas certain de vous avoir vraiment remercié. Je sais que vous n'étiez pas obligé de le faire. Donc, Merci."

    Les sourcils de Magnus disparurent sous la ligne de se cheveux. "Eh bien... de rien ?"
    Alec reposa son thé " Peut-être que je devrais partir."
    Magnus se redressa en position assise. "Après être venu aussi loin ? Tout ce chemin jusqu'à Brooklyn ? Juste pour me dire merci ?" Il sourit."Si tu partais maintenant ce serait un effort inutile." Il tendit une main vers la joue d'Alec, son pouce effleura sa pommette. Ce contact était comme du feu laissant des étincelles dans son sillage. Alec resta pétrifié de surprise. Surpris par le geste mais aussi par l'effet que ce geste avait sur lui. Les yeux de Magnus se rétrécirent, et il laissa tomber sa main. "Ho, ho, " se dit-il.

    "Quoi ?" Alec avait la soudaine impression d'avoir fait quelque chose de mal. "Qu'est-ce qui se passe ?"
    "C'est juste..." une ombre bougea derrière Magnus ; Avec une agilité fluide, le sorcier se retourna et attrapa sur le sol un petit chat gris avec un tablier de poils blancs. Le chat se blottit dans le creux de ses bras et adressa un regard inquisiteur vers Alec. À présent, deux paires d'yeux dorés le regardaient avec noirceur. "Pas exactement ce à quoi je m'attendais."
    "De la part d'un chasseur d'ombres ?"
    "De la part d'un Lightwood."
    "Je n'avais pas réalisé à quel point vous connaissiez bien ma famille."
    "Je connais ta famille depuis des centaines d'années" Magnus cherchait son visage du regard. "Ta sœur, c'est une Lightwood. Tu..."
    "Elle a dit que vous m'aimiez bien."
    "Quoi ?"
    "Izzy, ma sœur. Elle m'a dit que vous m'aimiez bien. Que vous m'aimiez vraiment bien, bien."


    "Que je t'aimais bien, bien ?" Magnus camoufla son sourire dans la fourrure du chat. "Excuse-moi, mais il est quelle heure là ? Parce que je ne me souviens pas avoir dit quoique ce soit à Isabelle..."
    "Jace l'a dit aussi." Alec était franc, c'était la seule façon d'être qu'il connaissait. "Il a dit que vous m'aimiez bien, que quand il est venu ici, quand il a sonné, vous aviez été déçu de voir que c'était lui parce que vous croyiez que c'était moi. Ça ne s'est jamais produit c'est ça ?"
    "Ça aurait dû. Oui, ça aurait pu."
    Alec était confus. "Non... Je veux dire Jace, il est...Jace."

    "Il est troublant," concéda Magnus. "Mais tu n'es pas du tout sans subtilité. Ce qui pour un Lightwood est une véritable énigme. Ta famille m'a toujours intriguée, comme des Borgias au rabais. Mais il n'y a pas de mensonges sur ton visage. J'ai le sentiment que tout ce que tu dis est franc et direct."
    Alec se pencha en avant. "Veux-tu sortir avec moi ?
    Magnus cligna des paupières. "Voilà ce que je voulais dire. C'est ce que j'appelle être Direct."
    Alec se mâchouilla la lèvre et ne dit rien.
    "Pourquoi voudrais-tu sortir avec moi ?"s'enquit Magnus. Il grattait la tête de Chairman Meow, ses longs doigts rabattant les oreilles du chat. "Ce n'est pas que je ne sois pas extrêmement désirable, mais c'est la façon de le demander. Il m'a semblé que tu avais comme une certitude..."

    "C'est le cas," Dit Alec. "Et je croyais que tu m'aimais bien, et que tu dirais oui, et que je pourrais essayer... Je veux dire, nous pourrions essayer..." Il mit sa tête entre ses mains "peut-être que c'était une erreur".
    La voix de Magnus se fit douce. "Quelqu'un sait que tu es gay ?"
    La tête d'Alec se releva brusquement ; il trouva qu'il respirait peut-être un peu fort, comme s'il avait couru un marathon. Mais que pouvait-il faire, nier ? Alors que le fait qu'il soit là disait exactement le contraire ?
    "Clary,"dit-il d'une voix rauque. "Elle l'a appris par... Par accident. Et Izzy, mais elle ne m'en a jamais parlé."
    "Ni tes parents. Ni Jace ?"Alec pensa à ce que pouvait savoir Jace, et refoula cette pensée aussitôt.
    "Non, Non, et je ne veux pas qu'ils sachent. Surtout pas Jace."
    "Je pense que tu pourrais le lui dire" Magnus gratta Chairman Meow sous le menton. "Il était en mille morceaux, comme un puzzle quand il a cru que tu allais mourir. Il tient à..."
    "Il ne devrait pas." Alec continuait à respirer vite. Il se frotta les mains sur son jean au niveau des genoux. "Je n'ai jamais eu de rencard," dit-il à voix basse."Jamais vraiment embrassé personne, non plus. Izzy a dit que tu m'aimais bien alors j'ai cru..."
    "Je ne voudrais pas être antipathique, mais est-ce que tu m'apprécies ? Parce que ce truc d'être Gay ne signifie pas que tu doives te jeter au cou du premier mec venu en te disant que c'est bien du moment que ce n'est pas une fille. Les sentiments sont importants aussi."

    Alec se souvint de sa chambre à l'institut, d'être en plein délire à cause du poison et de la douleur, quand Magnus y était entré. Il l'avait à peine reconnu. Il était quasi certain d'avoir crié pour ses parents, Jace, Izzy, mais sa voix ne sortait qu'en soupirs. Il se rappelait des mains de Magnus posées sur lui, ses doigts froids et doux. Il se souvint de l'emprise de la mort et d'avoir tenu le poignet de Magnus pendant des heures et des heures, même quand la douleur s'était dissipée et qu'il savait qu'il allait mieux. Il se souvint du visage de Magnus illuminé par le soleil levant, les éclats d'or du soleil étincelants dans ses yeux, et il repensa à quel point il était beau avec son élégance et son regard de chat.
    "Oui, "dit Alec."Je t'apprécie."
    Il rencontra le regard en coin de Magnus. Le sorcier l'observait avec un mélange de curiosité, d'affection et d'étonnement. "C'est tellement curieux," dit Magnus."La génétique. Tes yeux, cette couleur..."Il s’interrompit et secoua la tête.
    "Les Lightwoods, tu savais qu'ils n’avaient pas les yeux bleus ?"
    "Ce sont des monstres aux yeux verts, "dit Magnus en souriant. Il reposa Chairman Meow sur le sol, et le chat avança vers Alec, et se frotta contre sa jambe. "Monsieur Chairman t'aime bien."
    "Et c'est un bon point ?"
    "Je ne sors jamais avec quelqu'un que mon chat n'aime pas," dit Magnus en se levant." Alors disons vendredi soir ?"
    Alec fut parcouru par une énorme vague de soulagement. "Vraiment ? Tu veux sortir avec moi ?"
    Magnus secoua la tête."Tu dois arrêter de douter Alexander. Ça rend les choses difficiles." Il sourit. Il avait un sourire comme celui de Jace. Non pas qu'ils se ressemblent, mais c'était le genre de sourire qui illumine tout le visage." Allez, je te raccompagne."
    Alec suivit Magnus jusqu'à la porte, sentant qu'on lui avait retiré un poids des épaules, un poids qu'il n'imaginait même pas porter. Bien entendu il aurait une excuse à trouver pour les autres, afin de justifier sa sortie de vendredi soir, un truc auquel Jace n'aurait pas envie de participer, quelque chose qui nécessite qu'il soit seul. Ou bien il pourrait prétendre être malade et se faufiler à l'extérieur à la nuit tombée. Il était tellement absorbé dans ses pensées qu'il manqua de rentrer dans la porte. Magnus était appuyé sur son montant et le regardait à travers des yeux mi-clos qui s'agrandirent.
    "Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda Alec.
    "Jamais embrassé personne ?" Dit Magnus."Vraiment jamais ?"
    "Non, " répondit Alec, en espérant que cela ne le discrédite pas comme rancard potentiel."Jamais un vrai baiser..."
    "Viens là." Magnus le saisit par le coude et l'attira contre lui. Pendant un instant Alec fut complètement désorienté par la sensation d'être si près de quelqu'un, du genre de personne dont il voulait être proche depuis si longtemps. Magnus était grand et mince mais pas maigre non plus ; Son corps était fort, ses bras légèrement musclés mais puissants ; il était un peu plus grand qu'Alec, ce qui n'arrivait que très rarement, et ils allaient si bien ensemble. Les doigts de Magnus glissèrent sous le menton d'Alec, soulevant son visage et ils s’embrassèrent.
    Alec entendit un soupir s'échapper de sa propre gorge et leurs bouches se rencontrèrent avec une sorte d'urgence contrôlée. Magnus, pensa Alec abasourdi, savait vraiment comment s'y prendre. Ses lèvres étaient douces, et il entrouvrit celles d'Alec avec un certain talent, explorant sa bouche : Une symphonie de lèvres, dents, langue, chaque mouvement réveillant une terminaison nerveuse qu'Alec ignorait posséder.
    Il trouva la taille de Magnus avec ses doigts, toucha la bande de peau nue qu'il avait essayé d'éviter jusque-là, et glissa ses mains sous le t-shirt de Magnus. Magnus tressaillit, puis se détendit, ses mains descendant le long des bras d'Alec de sa poitrine à sa taille, trouvant les passants de ceintures de son jean dont il se servit pour l'attirer encore plus près. Sa bouche quitta celle d'Alec pour trouver sa gorge. Alec sentit la chaude pression de ses lèvres sur cette partie de peau si sensible qu'elle semblait directement connectée aux os de ses jambes. Elles étaient sur le point de céder. Juste avant qu'il ne s'effondre sur le sol, Magnus le laissa partir. Ses yeux brillaient autant que sa bouche.Scène bonus entre Alec  et Magns
    "À présent tu as été embrassé, "dit-Il, en restant derrière lui, devant la porte ouverte. "On se voit vendredi ?"
    Alec s'éclaircit la gorge. Il était étourdi mais se sentait vivant. Son sang affluant dans ses veines comme une circulation trop rapide, tout paraissait lumineux et très coloré. En franchissant la porte, il se retourna vers Magnus qui le regarda perplexe. Il s'avança vers lui, pour empoigner son tee-shirt et attirer le sorcier contre lui. Magnus trébucha contre lui, et Alec l'embrassa, avec force et rapidité de manière désordonnée et maladroite, mais c'était tout ce qu'il avait. Il pressa Magnus contre lui, sa propre main entre eux, et il sentit le cœur de Magnus dérater dans sa poitrine.
    Puis il interrompit ce baiser, et recula.
    "Vendredi" dit-il, et il laissa Magnus. Il descendit la volée de marches, le regard de Magnus posé sur lui. Le sorcier croisa les bras sur son tee-shirt, froissé à l'endroit où Alec l'avait saisi, et secoua la tête en souriant.
    "Ah les Lightwoods" s'exclama Magnus "Il faut toujours qu'ils aient le dernier mot."
    Il ferma la porte derrière lui, et Alec dévala les marches deux par deux, son sang continuant de chanter dans ses oreilles comme une mélodie.


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  • J'ai embrassé tes lèvres et brisé ton cœur...


    La scène de la serre vue par Jace :)Les cloches de l'institut se mirent à résonner, comme une pulsation lourde et profonde au cœur de la nuit.
    Jace reposa son couteau. C'était un petit couteau de poche pratique, avec un manche en os, celui qu'Alec lui avait donné lorsqu'ils étaient devenus parabatai. Il l'utilisait si souvent que la marque de ses doigts s'était imprimée sur le manche.
    "Minuit", dit-il. Il pouvait sentir Clary à côté de lui, assise au milieu des restes de leur pique-nique, sa respiration douce dans l'air frais au parfum de verdure de la serre. Il ne la regarda pas directement, mais au-delà, droit devant lui vers les bourgeons brillants encore fermés de la fleur de minuit. Il ne savait pas très bien pourquoi il ne voulait pas la regarder. Il se rappelait de la première fois qu'il avait vu l'éclosion de cette fleur, pendant la classe d'horticulture, assis sur un banc de pierre avec Izzy et Alec à ses côtés, et Hodges les doigts posés sur la tige de la fleur - il les avait réveillés vers minuit pour leur montrer la merveille, une plante qui normalement ne pousse qu'à Idris - et se souvint d'avoir retenu son souffle dans l'air hivernal de minuit, à la vue de quelque chose d'aussi surprenant que magnifique.
    Alec et Isabelle avait été intéressés, certes, mais pas saisi par une telle beauté comme lui l'avait été. Dès qu'il entendit la cloche résonner, il fut immédiatement pris d'inquiétude à l'idée que Clary puisse être juste intéressée ou même contente, mais pas éblouie. Il voulait qu'elle éprouve le même sentiment que lui au sujet de la fleur de minuit, mais il n'aurait pas su dire pourquoi.

    Un son échappa de ses lèvres, un délicat "Oh!" La fleur était en train d'éclore : de s'ouvrir comme la naissance d'une étoile, son pollen scintillant et ses pétales blanc et or. "Elles fleurissent chaque nuits?"
    Une vague de soulagement envahit Jace. Les yeux verts de Clary brillaient, fixés sur la fleur. Elle tordait ses doigts machinalement. Il avait remarqué qu'elle faisait ça quand elle voulait avoir un stylo ou un crayon pour immortaliser l'instant, fixer une image qu'elle avait devant elle. Parfois, il souhaitait voir les choses comme elle les voyait: voir le monde comme une toile qu'on peut capturer avec de la peinture, des craies ou de l'aquarelle.
    Lorsqu'elle le regardait de cette façon, il se sentait rougir; un sentiment si étrange qu'il le reconnaissait à peine. Jace Wayland ne rougit jamais.
    "Joyeux anniversaire Clarissa Fray," Dit-il. Les lèvres de Clary s'étirèrent en un sourire."J'ai quelque chose pour toi." Il fouilla un instant dans sa poche, sans qu'elle ne le remarque, puis plaça la pierre de Runes au creux de sa main, il prit conscience de combien ses doigts étaient petits à côté des siens - délicats et fort à la fois, durcis par des heures passées à tenir des stylos et des pinceaux jusqu'à former des callosités qui avait chatouillé le bout de ses doigts. Il se demandait si le contact de sa peau faisait accélérer son pouls comme c'était le cas pour lui quand il la touchait.
    Apparemment non, parce qu'elle se recula avec pour seule expression un forme de curiosité. " Tu sais, quand une fille demande un gros caillou, elle ne le pense pas vraiment, tu vois? je veux dire, elle ne veut pas littéralement un gros caillou!"
    Il sourit sans s'en rendre compte. Ce qui était inhabituel en soi; d'ordinaire, seul Alec ou Isabelle pouvaient le faire rire. Il avait compris que Clary était courageuse à l'instant où il l'avait vue avancer dans la pièce avec Isabelle, désarmée et pas préparée du tout, avec une sorte de bravoure qu'il n'avait pas l'habitude de voir chez les terrestres, mais, de la à le faire rire... Cela le surprenait encore.
    "Très amusant, et sarcastique avec ça. Ce n'est pas exactement un caillou. Tous les chasseurs d'ombres ont une pierre de Runes. Elle t'apportera la lumière même dans les ténèbres les plus sombres de ce monde ou des autres." C'était les mots exacts prononcés par son père lorsqu'il lui avait donné sa première pierre de Runes. Quels autres mondes? avait-il demandé, et pour toute réponse, son père avait juste éclaté de rire. Il y a plus de mondes à la porte de celui là que de grains de sable sur une plage.
    Elle lui sourit et fit une blague au sujet des cadeaux d'anniversaire, mais il sentit qu'elle était touchée; elle mit la pierre dans sa poche avec précaution. La fleur de minuit était déjà en train de perdre ses pétales comme une pluie d'étoiles, illuminant doucement son visage.
    "Quand j'avais douze ans, je voulais un tatouage," dit-elle. Une mèche de ses cheveux roux tomba devant ses yeux; Jace dut réprimer l'envie de l'atteindre pour la repousser derrière son oreille.
    "La plupart des chasseurs d'ombres ont leur première Marque à l'âge de douze ans. Je suppose que c'était dans ton sang."
    "Peut-être. Bien que je doute que les chasseurs d'ombres veuillent un tatouage de Donatello des tortues Ninja sur leur épaule gauche." Elle sourit comme elle le faisait toujours quand elle lui parlait de chose complètement incompréhensibles pour lui, comme si elle se rappelait soudain qu'il ne connaissait pas tout ça. Cela fit jaillir un éclat de jalousie en lui. Il ne savait même pas de quoi il était jaloux au fond. De Simon, qui comprenait les références d'un monde auquel il n'avait jamais appartenu? Du monde des terrestre lui-même dans lequel elle pourrait retourner un jour, l'abandonnant à son univers de démons et de chasseurs, de cicatrices et de batailles?
    Il s'éclaircit la gorge. "Tu voulais une tortue sur ton épaule?"
    Elle hocha la tête et ses cheveux reprirent leur place. "Je voulait cacher une cicatrice de varicelle." Elle écarta la bretelle de son débardeur pour la lui montrer. "là, tu vois?"

    Il voyait : Il y avait une sorte de marque sur son épaule, une cicatrice, mais il voyait plus que ça : Il voyait la courbe de sa clavicule, la lumière qui semblait avoir saupoudré des tâches de rousseur comme une poussière d'or sur sa peau, la courbe de son épaule, son pouls à la base de sa gorge. Il voyait la forme de sa bouche, ses lèvres entrouvertes, ses cils cuivrés quand elle baissait les yeux. Et il fut submergé par une vague de désir, comme il n'en avait jamais éprouvé auparavant. Il avait déjà désiré des filles avant, et été au bout de ses désirs : Il avait toujours ressenti ça comme une sorte de faim, le besoin d'un carburant dont le corps avait besoin.
    Mais, il n'avait jamais ressenti de désir comme celui là, un feu pur qui embrase les pensées, qui fait vibrer ses mains nerveusement sans vraiment les faire trembler. Il détourna aussitôt son regard.
    "Il est tard," s'exclama-t-il. "Nous devrions redescendre."
    Soudain, elle le regarda bizarrement, et il ne put s'empêcher de penser que ces yeux verts lisaient en lui comme dans un livre ouvert.
    "Es-tu déjà sorti avec Isabelle?" demanda-t-elle.
    Son cœur se mit à marteler sa poitrine. Il ne comprenait pas vraiment la question. "Isabelle?" répéta-t-il . Isabelles? qu'a-t-elle à voir la dedans?
    "Simon se posait la question," poursuivit-elle, et il détestait la façon dont elle avait prononcé le nom Simon. Il n'avait jamais ressenti ça auparavant : cette colère qu'elle avait fait naître en lui. Il se souvint du jour où il l'avait rejointe dans l'allée derrière le café, la façon dont il avait eu envie de la faire sortir pour l'éloigner de ce garçon aux cheveux sombres qui était toujours avec elle, et de l'entraîner dans son monde de ténèbres. Il avait senti qu'elle appartenait au monde dans lequel il évoluait, et pas au monde des terrestres dans lequel les gens ne sont pas réels, où ils passent dans son champ de vision comme des marionnettes sur une scène. Mais cette fille, avec ses yeux verts qui l'avaient épinglé comme un papillon, elle était bien réelle. Comme une voix sortie tout droit d'un rêve qui soudain devient réalité, elle était bien réelle, perçant les défenses qu'il avait précautionneusement mises en place au fil du temps, comme une armure.
    "La réponse est non. Il y a bien eu des moments où l'un comme l'autre, nous y avons pensé, mais, elle est presque ma sœur. Ça aurait été trop bizarre."
    "Tu veux dire qu'Isabelle et toi, vous n'avez jamais..."
    "Jamais."
    "Elle me déteste," ajouta Clary.
    Jace ricana; comme tous les frères, il prenait un malin plaisir a voir Izzy frustrée.
    "Tu la rends juste un peu nerveuse, parce qu'elle a toujours été la fille adulée par une foule de garçons, et maintenant, ce n'est plus le cas."
    "Mais elle est tellement belle."
    "Tout comme toi", répondit Jace du tac au tac. L'expression de Clary changea. Il ne pouvait pas déchiffrer l'expression de son visage. C'était comme si c'était la première fois qu'il disait à une fille qu'elle était belle, et il ne pouvait se souvenir d'un jour où il l'ait dit sans arrière pensée. Là, c'était sorti tout seul et ça lui donnait l'impression d'être à la salle d'entrainement, en train de lancer des couteaux sur des cibles, distribuer des coups de pieds et coups de poings et se battre contre des ombres jusqu'à ce qu'il soit en sang et épuisé, sa peau couverte de plaie béantes, écorché vif, ça, c'était des sensations qu'il connaissait.
    Elle le regarda juste calmement et l'image de la salle d'entrainement l'envahit à nouveau avec son cortège de peines et de douleurs.

    "Nous devrions peut-être descendre", répéta-t-il.
    "Très bien." Il ne pouvait pas savoir ce qu'elle pensait au son de sa voix. Même sa capacité à cerner les gens semblait l'avoir quitté et il ne savait pas pourquoi.
    Le clair de lune filtrait à travers les vitres de la serre pendant qu'ils commençaient à partir, Clary marchait juste devant lui. Quelque chose se mit à bouger une peu plus loin, un éclat blanc de lumière, elle s’arrêta net et se retourna brusquement pour se se retrouver dans le berceau de ses bras. Sa peau était chaude, douce et si délicate, alors, il l'embrassa.
    Il en fut étonné lui même, jamais son corps ne se permettait de faire des choses sans son consentement. C'était son instrument, tout comme son piano, et il en avait toujours eu le parfait contrôle. Mais elle avait la saveur sucrée de la pomme et du cuivre et son corps dans ses bras tremblait. Elle était si petite, il passa ses bras autour d'elle pour la soutenir, il était perdu. Il comprit alors, pourquoi les baisers dans les films étaient filmés de cette façon, avec la camera qui tourne sans fin autour du couple. Et comme si le sol n'était plus stable sous ses pieds, il s'accrocha à elle comme si elle pouvait le porter.
    Avec ses paumes douces posées sur son dos, il pouvait sentir sa respiration contre lui; un soupir au milieu du baiser. Les doigts fins de Clary couraient dans ses cheveux, sur son cou, s'entortillant doucement à ses mèches, et il se souvint de la première fois qu'il avait vu la fleur de minuit, de ce qu'il avait pensé : Voici quelque chose de si beau, de trop beau pour être vrai.
    Il entendit le bruit du vent un peu avant elle, il était habitué à l'entendre. Il se recula de Clary et vit Hugo, perché tout prés, au creux d'un cyprès nain. Ses bras enlaçaient toujours Clary, son corps léger pressé tout contre le sien. Ses yeux étaient à demis clos. "Ne crains rien, mais nous avons de la visite," murmura-t-il. "Si Hugo est là, Hodge n'est surement pas loin. Nous devrions y aller."
    Elle ouvrit grand ses yeux verts et prit un air amusé. Cela piqua un peu son égo. Après un tel baiser, n'aurait-elle pas dû s'évanouir? Au lieu de ça, elle souriait. Elle voulait savoir si Hodge les espionnait. Il la rassura, mais il sentit son rire délicat vibrer sur leurs doigts entremêlés pendant qu'ils descendaient la volée de marche... Mais comment diable leurs mains s'étaient elle jointes?
    Et il comprit. Il comprit pourquoi les gens se donnaient la main ; Il s'était toujours dit que c'était une question de propriété... Histoire de dire il ou elle est à moi. Mais en fait, c'était juste pour maintenir le contact, pour se parler sans un mot. C'était une manière de dire reste avec moi, ne t'en vas pas.
    Il voulait qu'elle vienne dans sa chambre. Mais sans arrières pensées... Aucune fille n'était entrée dans sa chambre sans arrières pensées. C'était son espace privé, son sanctuaire. Pourtant, il voulait Clary dans cet espace. Il voulait qu'elle le voit comme il était vraiment, pas l'image qu'il donnait aux autres. Il voulait s'allonger près d'elle dans son lit et la sentir se blottir tout contre lui. Il voulait la serrer dans ses bras, sentir son souffle dans la nuit; Il voulait la voir comme personne ne l'avait vu avant : vulnérable et endormie. La voir, mais aussi qu'elle le voit lui.La scène de la serre vue par Jace :)
    Alors, lorsqu'ils atteignirent sa porte et qu'elle le remercia pour son pique-nique d'anniversaire, il ne put se résoudre à libérer sa main. "Tu as vraiment envie de dormir?"
    Elle souleva la tête et il put constater que ses lèvres portaient encore la marque de son baiser : un éclat rosé comme la teinte des œillets de la serre ; son estomac se serra. Par l'Ange, pensa-t-il, Je suis complètement...
    "Tu n'est pas fatigué?" demanda-t-elle interrompant le fil de ses pensées. Il avait une boule au creux de son estomac, une sorte de tension nerveuse. Il voulait la ramener contre lui, pour lui transmettre tout ce qu'il ressentait : son admiration, son savoir, sa dévotion, ses besoins. "Je n'ai jamais été aussi éveillé."
    Elle souleva le menton dans un mouvement rapide et irréfléchi, et il se pencha, caressant son visage de sa main libre. Il ne voulait pas l'embrasser ici, où il y avait trop de passage et où il était si facile d'être interrompu... Mais il ne pouvait pas se priver de sentir sa bouche sur la sienne, si douce. Ses lèvres contre les siennes, il se pencha davantage et ne pouvait plus s'arrêter.
    Je suis complètement...
    C'est à ce moment précis que Simon ouvrit la porte de sa chambre à la volée et sortit dans le hall. Clary s'écarta vivement de Jace, détournant la tête, il en éprouva une cuisante douleur comme un pansement qu'on arrache brutalement de la peau.

    Je suis complètement fichu!

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